Les journées de l’économie
Lyon, novembre 2013
Compte rendu d’un débat passionnant entre économistes et responsables politiques européens, permettant de repérer des convergences mais aussi de mieux comprendre les désaccords de fonds entre pays sur le fonctionnement optimal du système européen.
#Les points de vue exprimés par chaque intervenant
Dans les éléments ci-dessous, j’ai mis en italique des remarques personnelles et quelques compléments aidant à la compréhension des points de vue.
– Mario Monti
Ancien Premier Ministre italien, Sénateur, Président de l’Université Bocconi.
Un regard relativement positif sur le fonctionnement de l’Europe (et de la zone Euro) depuis la crise de 2007-2008.
- L’Euro (en tant que monnaie) est resté stable sur la période.
- On constate des améliorations de la gouvernance européenne (notamment sous l’impulsion de Sylvie Goulard, auteur de rapports à ce sujet) :
- Présentation à la Commission des projets de budgets des Etats, avant le vote par les instances nationales.
- Plan de croissance.
- Limitation des spreads (c’est à dire l’écart des taux d’emprunt sur le marché financier entre un pays donné et l’Allemagne, qui obtient le taux le plus bas).
- Lancement de réformes structurelles, dans la ligne de celles demandées par l’Allemagne et la Commission.
A porter au passif de l’Europe un certain nombre de retards dans les mesures destinées à aider les pays en crise (Grèce, …) et à soutenir l’Euro, retards imputables à l’Allemagne et à la politique d’A. Merkel.
Toutefois, pour M. Monti, cette politique «électoraliste» a permis de maintenir le contact avec l’opinion publique allemande et de contenir le populisme ; ce qui n’a pas été le cas en Italie par exemple.
– Patrick Artus
Directeur de la recherche et des études à Natixis.
Une analyse fortement critique de l’incohérence entre les objectifs assignés à la zone Euro (faire converger les économies des pays et les niveaux de vie des populations) et les moyens mis en oeuvre, identiques pour tous les pays et ne respectant pas leurs spécificités.
On constate une très forte divergence dans le développement économique des pays du nord et ceux du sud.
Très naturellement, les industries se concentrent là ou les avantages comparatifs sont les plus favorables (productivité du travail, infrastructures, formations, …). Cette concentration va à l’encontre de l’homogénéisation entre pays. On constate une baisse d’environ 20% de l’activité industrielle dans les pays du sud (Espagne, Portugal, … mais aussi la France).
Face à cette hétérogénéité, on a un projet de gouvernance unique, avec une uniformisation des règles et des objectifs : même déficit, même endettement, balances commerciales équilibrées, même compétitivité, mêmes bases fiscales…
Dans cette situation, les pays du sud n’ont aucun degré de liberté pour assurer cette convergence et atteindre l’équilibre économique demandé par la Commission, sauf par la baisse des niveaux de vie.
Exemple : si un pays se désindustrialise, il n’a pas d’autre solution pour rééquilibrer sa balance commerciale que de diminuer ses importations, et donc de diminuer le niveau de vie de sa population.
– Nicolas Schmit
Ministre du Travail du Luxembourg.
Un point de vue proche du précédent, en soulignant l’insuffisance d’une volonté politique commune dans le cadre d’un fédéralisme.
On avait effectivement rêvé d’un modèle économique « orthodoxe » entre pays homogènes (on distingue classiquement les économistes « orthodoxes », de tendance néo-libérale, et les « hétérodoxes », favorables à une régulation par l’Etat).
Mais ce modèle avec pour seule base une monnaie unique ne peut pas fonctionner sans fédéralisme :
- Il faut un véritable budget européen permettant des transferts. Cette approche est refusée par l’Allemagne, alors même qu’en interne elle applique bien cette politique de transferts, entre les Landers.
- Il faut revoir les traités européens pour permettre ce fédéralisme, mais on est bloqué par les opinions publiques qui le refusent et qui n’y sont pas préparées, du fait de l’insuffisance des débats politiques à ce sujet.
- Il faut prendre conscience du risque déflationniste qu’entraîne la politique générale d’austérité imposée par l’Allemagne et relayée par la Commission.
P. Artus donnera la définition suivante de la déflation : c’est quand l’inflation devient quasi nulle et que les taux d’intérêts ne peuvent plus baisser. Les taux d’intérêt réels deviennent alors tels qu’ils bloquent l’investissement des entreprises et la consommation des ménages.
– Daniela Schwarzer
Directrice de département à l’Institut allemand pour les affaires internationales.
Une responsable allemande atypique, à la fois critique vis à vis de la politique européenne de l’Allemagne et confiante en une évolution de cette politique, après les débats électoraux et les compromis imposés par le montage de la Grande Coalition.
L’Allemagne se voit comme le moteur de la croissance économique européenne, ce qui est exact, et accepte mal les critiques émises par les pays du sud. Mais en même temps, en interne, des opinions diversifiées et un vrai débat se font jour sur la politique européenne de l’Allemagne :
- Entre partis et au sein même de la CDU, des critiques se développent vis à vis du sous-investissement interne en matière d’infrastructures, d’éducation, de recherche et d’innovation.
- De même le débat se développe sur la situation de pauvreté d’une partie de la population : absence de SMIC, insuffisance de pouvoir d’achat, … faisant craindre une situation très dégradée dans 5 ou 10 ans.
- La Commission elle-même vient de critiquer récemment les excédents excessifs de l’Allemagne (Excédent de la balance commerciale dépassant les 6% du PIB prévus par les traités).
Ce qu’il faudrait développer :
- Une véritable Union Bancaire pour casser les risques de spéculation sur l’Euro (Le débat a eu lieu quelques jours avant l’annonce de la ratification du projet d’Union Bancaire par les pays membres de la zone Euro).
- De nouvelles institutions de gouvernance commune.
- Un budget de la zone Euro. Des projets sont actuellement avancés par la France et l’Allemagne, entre lesquelles un consensus pourrait être trouvé :
- projet français de critères de stabilité macro-économique, permettant d’avoir une action « contra-cyclique » en cas de crise.
- projet allemand d’aides budgétaires en faveur des pays mettant en oeuvre des réformes structurelles.
– Sylvie Goulard
Députée européenne (centriste).
On verra plus bas que S. Goulard a une vision relativement optimiste du fonctionnement européen : des débats approfondis et moins technocratiques qu’il n’y parait, un fonctionnement démocratique au moins assuré par le Conseil (chefs d’Etat et de gouvernement élus) et par le Parlement européen.
La difficulté n’est pas seulement l’hétérogénéité des situations économiques des pays, telle que décrite par P. Artus, mais le manque de gouvernance démocratique, permettant de contrebalancer les orientations données par la Commission.
On ne peut pas fonctionner avec les seules règles de discipline sur les déficits et les dettes. Il faut prendre en compte un ensemble d’indicateurs, pays par pays, permettant d’avoir une véritable réflexion économique et une politique adaptée aux spécificités de chacun des pays.
Des progrès ont été enregistrés, notamment avec l’Union Bancaire, de même en matière de mobilité du travail.
Toutefois cette mobilité ne pourra être développée que dans le cadre d’un budget européen : si des Espagnols viennent travailler en Allemagne, il ne faut pas que l’argent gagné par eux se limite à une perte pour l’Espagne et un gain pour l’Allemagne, mais que ce soit un gain pour l’Europe au bénéfice de ce budget fédéral.
– Agnès Bénassy-Quéré
Professeur à l’Ecole d’Economie de Paris.
La politique économique européenne est incomplète, mais elle pourrait être développée dans le cadre d’une entente renforcée en l’Allemagne et la France.
On assigne généralement trois objectifs à une politique économique
- Faire des allocations de ressources, permettant de développer la croissance et d’améliorer le bien-être des populations.
- Assurer une redistribution entre les territoires (ou pays) riches et les pauvres.
- Maintenir la stabilité de l’économie en ayant des actions contra-cycliques en cas de crises.
- L’Europe a fait de l’allocation de ressources : avec la Politique Agricole Commune (PAC), en matière de Recherche et Développement et avec les Fonds Structurels.
- La zone Euro a fait de la stabilisation : en maintenant un faible écart entre les taux d’intérêt des emprunts sur les marchés.
- La zone Euro n’a pas fait de redistribution.
La redistribution suppose des transferts qui sont inacceptables pour l’Allemagne, si il n’y a pas d’harmonisation des marchés du travail dans les différents pays.
Des critères communs devraient être trouvés en termes de salaire minimum, droit de licenciement, contrats de travail, … voire un système européen d’indemnisation du chômage.
– Philippe Askénazy
Directeur de recherche au CNRS et membre du Conseil d’analyse économique.
Un intervenant très critique vis à vis de la construction européenne. Il y voit un fonctionnement inacceptable pour les peuples, sauf à renégocier complètement les traités.
Il pouvait y avoir d’autres stratégies de sortie de crise, permettant d’éviter des dégâts sociaux majeurs. L’Europe n’a aucune perspective de croissance et donc 5 années ont été perdues pour retrouver les niveaux de vie d’avant crise.
On est pris dans un carcan technocratique avec une idéologie de l’austérité et des réformes structurelles. Contrairement à la présentation de M. Monti, le contrôle a priori des budgets des Etats par la Commission est inacceptable (sauf en Allemagne, puisqu’en fait c’est elle qui a dicté les modalités de contrôle). Ce sont des mesures de ce type qui font le lit des partis d’extrême droite en Europe.
L’Europe se fait par les chiffres, avec des critères simplistes (pourquoi 60% du PIB pour la dette ? Pourquoi 3% de déficit ?), souvent manipulables et dont la valeur n’est vraiment connue qu’après coup :
- Que fera-t-on si un pays est condamné à une amende pour non respect d’un critère, et si l’on s’aperçoit ensuite que les calculs de la Commission étaient faux et que le critère a en fait été respecté ?
- La Commission fustige l’Allemagne pour son surplus excessif (excédent commercial supérieur à 6% du PIB). Mais ce surplus était connu et effectif dès 2012, il a été manipulé pour rester en dessous de la barre admise (soit à 5,9%) jusqu’aux élections allemandes.
P. Artus contestera également cette analyse de la Commission, en soulignant que le surplus d’exportation est essentiellement obtenu hors Europe, ce qui est une très bonne nouvelle pour l’Europe ! Et que l’insuffisance de consommation interne de l’Allemagne est d’abord due à sa démographie (diminution constante de la population), la consommation par tête y étant supérieure à celle d’un Américain…
Pour P. Askénazy les traités sont globalement absurdes, inapplicables et il faudrait les reprendre complètement pour faire une Europe économique et politique acceptable par ses populations.
– Philippe Herzog
Conseiller auprès de Michel Barnier, ancien membre du bureau politique du PCF.
Une position partagée entre la reconnaissance des acquis de l’Union Européenne et une analyse critique de ses insuffisances.
Comme M. Monti, Ph. Herzog considère que le fonctionnement de l’Europe présente des aspect positifs : stabilité de l’Euro, amélioration de la gouvernance.
Mais il pointe trois problèmes majeurs :
- La fragmentation nord-sud : on assiste à une re-nationalisation des politiques économiques, à rebours des solidarités nécessaires.
- L’absence de réflexion sur le développement du capital humain : scolarité, requalification
- L’absence d’une politique financière de l’Europe.
Les leaders politiques manquent de courage pour aborder la nécessaire dimension fédérale de l’Europe, et y préparer la opinions publiques.
En France, les médias se polarisent sur les élections municipales et font l’impasse sur les élections européennes.
Cette situation laisse le champ libre aux partis d’extrême droite pour « cogner » sur la construction européenne.
– Peter Ricketts
Ambassadeur du Royaume Uni en France.
Un exercice d’équilibriste pour ne pas critiquer l’Europe, tout en manifestant un grand scepticisme et une volonté d’adhérer à minima à la construction européenne.
Le Royaume Uni n’a jamais cru à une Union monétaire sans coordination économique, budgétaire et bancaire.
Pour autant, il est dans l’intérêt du RU que la zone Euro fonctionne bien, puisque 50% de son commerce extérieur se fait avec elle. Il faudra trouver une juste articulation au sein de l’UE entre les pays de la zone Euro et les autres, notamment en ce qui concerne l’Union bancaire (rappel : le RU n’est pas signataire du traité européen d’Union bancaire).
Une réforme de l’Europe est nécessaire pour développer la croissance et l’emploi, avec plus de flexibilité. Le gouvernement est favorable à une refonte des traités, même si un référendum a été décidé quand au maintien du RU dans l’Europe.
#Le débat
##Les points de consensus
Sans qu’il y ait toujours unanimité, il est apparu un relatif consensus des intervenants sur les points suivants (relatif, c’est à dire hors points de vue de Ph. Askénazy, tendance souverainiste, et P. Ricketts, eurosceptique convaincu) :
– Nécessité d’aller vers plus de fédéralisme
Une union monétaire sans mécanismes de supervision politique ne peut pas fonctionner. Les seuls critères macro-économiques ne peuvent assurer les équilibres (en particulier nord-sud). Il faut un ensemble de politiques économique, financière, sociale de de la zone euro.
Toutefois cette reconnaissance commune de l’«incomplétude» de la zone euro (une Union monétaire sans Union politique) ne signifie évidemment pas un consensus sur l’orientation politique à prendre (voir ci-dessous).
– Les apports de l’UE
Aucun n’intervenant n’a proné la sortie de la zone euro ou la suppression de l’UE, même s’il y a eu des oppositions vigoureuses (Ph Askénazy) ou feutrées (Peter Ricketts)
– Deux avancées attendues
- L’Union bancaire (signée quelques jours après ce débat) qui est considérée comme la plus importante décision prise depuis la création de l’euro.
- La mise en place d’un budget européen.
– Le rôle positif de la BCE
Sous l’impulsion de Mario Draghi, la BCE a utilisé au maximum les marges de manœuvre permises par les traités (voire légèrement au delà).
Les déclarations de M. Draghi (juillet 2013) affirmant qu’il ferait tout pour préserver l’euro, ainsi que le nouveau programme d’achats obligataires qui a suivi, ont permis à la zone euro d’échapper à la menace d’éclatement.
– L’absence de la France dans les débats sur la zone euro
Cette thèse a été fortement développée par Mario Monti : la construction européenne s’est faite par le dialogue franco-allemand, et il regrette que la France soit en perte d’influence, n’acceptant pas la discussion dans le cadre des règles que l’Europe s’est donnée. De même il déplore qu’au cours de ce débat avec d’éminents économistes français, la contestation de l’Europe ait été aussi forte.
L’Italie a su se sortir d’une situation catastrophique et n’est plus sous surveillance de la Troïka, l’écoute allemande vis à vis de l’Italie en a été renforcée et il est dommage qu’il n’en soit pas de même avec la France.
Pour Agnès Bénassy-Quéré, cette absence de la France dans le débat s’explique par son manque de crédibilité, due à sa situation économique.
– Philippe Herzog remercie M. Monti d’amener les Français à cette prise de conscience. La France retarde la mise en oeuvre de réformes nécessaires, or d’ici 2015 si l’Italie va mieux, la France sera la prochaine cible des marchés financiers et l’Allemagne ne pourra pas continuer de garantir les dettes de tous les pays.
Une discussion avec l’Allemagne est donc indispensable pour voir comment conduire les réformes, mais aussi poser à l’Allemagne la question des solidarités que celle-ci refuse (Ph. Herzog prend l’exemple du solaire que l’Allemagne subventionne sur son territoire, alors que de toute évidence il devrait l’être en Grèce).
La plupart des intervenants ont souligné :
- Le manque de courage des leaders politiques français pour reconnaître les apports de l’Europe et pour engager une réflexion publique sur les relations avec l’Allemagne et les voies du fédéralisme. Cette situation ouvre un boulevard à la démagogie des partis extrémistes.
- Le manque d’intérêt des médias pour les élections européennes et leurs enjeux.
##Les divergences
J’ai synthétisé ces divergences par thèmes, avec les principaux points de vue exprimés.
– L’orientation politique de la zone euro
Si un consensus existe sur la nécessité d’un fédéralisme pour compléter l’Union monétaire et conduire efficacement les réformes nécessaires, les divergences sont vives quant à l’orientation politique que devrait avoir cette fédération des Etats.
Deux tendances s’affrontent :
- Un orientation libérale, privilégiant les réformes de structures, soutenue (à des degrés divers) par M. Monti, A. Bénassy-Quéré et S. Goulard.
- Une orientation sociale-démocrate, privilégiant la régulation des marchés, la mise en place de règles étudiées pays par pays et le développement de solidarités nord-sud ; orientation soutenue (là encore avec des nuances) par Patrick Artus, P. Askénazy, P. Herzog et D. Schwarzer
– L’aide aux réformes structurelles
Mario Monti approuve cette orientation préparée par la Commission avec l’impulsion de l’Allemagne («Contractual arrangments») qui prévoit des mécanismes d’incitations et des soutiens financiers aux pays acceptant de lancer des réformes structurelles (dans les domaines de la compétitivité, de l’emploi, du fonctionnement des marchés du travail, des systèmes fiscaux et de la stabilité financière).
Philippe Askénazy est opposé à ce système où on veut aider les pays à faire des réformes structurelles : comment accepter de contractualiser avec l’Europe le niveau de retraites, le salaire minimum, … qui dépendent de la situation économique propre à chaque pays. Il faut revenir à une réflexion pays par pays.
– Technocratie et démocratie dans l’UE
Sylvie Goulard réfute la position de Ph. Askénazy quant à l’opacité et l’absence complète de démocratie en Europe.
- Les règles qu’il critique ont été approuvées par le Parlement européen, qui a été démocratiquement élu.
- De même les contrôles a priori mis en oeuvre par la Commission ne sont pas de son fait mais parce qu’ils ont été acceptés par le Conseil des chefs d’Etat et de gouvernements. Il ne s’agit pas d’un abandon de souveraineté, mais d’un partage de souveraineté accepté par chacun des pays signataires.
Il faudrait que les acteurs politiques français assument la responsabilité des décisions qu’ils ont prises et expliquent enfin à quel point la France bénéficie de la construction européenne.
Philippe Askénazy reconnait que le parlement français a voté les traités. Mais il soutient que :
- les règles sont d’une technicité telle qu’elles ne peuvent pas être comprises par la population,
- les critères mis en oeuvre (60%, 3%, etc.) sont absurdes du seul point de vue économique.
#Questions de la salle
– Quel rôle de la BCE ?
P. Artus : on est en déflation.
Il faut que la BCE agisse pour remonter l’inflation dans la zone euro. Sinon, on va vers une situation catastrophique de l’économie et des finances publiques de plusieurs pays.
– Peut-on revenir au Franc ?
Sylvie Goulard : ce serait une aberration.
– L’Euro permet aux enteprises d’avoir accès aux marchés sans risques de changes.
– Globalement l’économie a besoin de stabilité.
– Si on annonçait le retour au Franc, tous les possesseurs d’€ s’empresseraient d’aller les placer hors France, anticipant sur la dévaluation à venir et l’accroissant de fait (il n’y a pas eu de question sur un contrôle et une interdiction des mouvements de devises).
– Faut-il un € plus faible ?
Un € plus faible serait-il favorable à la croissance en Europe ?
Agnès Bénassy-Quéré : ce n’est pas la solution
– Les exportations hors zone euro ne représentent que 10% du PIB de la zone.
– La zone euro est globalement excédentaire (essentiellement du fait de l’Allemagne, il est vrai).
– C’est plutôt une politique anti-déflationniste qu’il faut mettre en oeuvre.
– Faut-il renforcer les barrières douanières avec la Chine ?
Philippe Herzog
Des normes sociales ou environnementales sont certes nécessaires. Mais globalement, il faut pouvoir importer à bas coût pour pouvoir exporter (c’est ce que fait l’Allemagne).
L’important, c’est la valeur ajoutée des productions nationales ou européennes. Il faut donc développer l’innovation et la prospective au niveau européen.
– Faudra-t-il en permanence des transferts vers les pays du sud ?
Philippe Askénazy : Il ne faut pas surévaluer le problème des transferts : La Grèce paye aussi des intérêts !
Mario Monti : Il y a de idées reçues (fausses) sur les transferts
– L’opinion publique allemande était persuadée que l’Italie était débitrice, alors qu’aucun € n’a été transféré de l’Europe à l’Italie.
– L’Italie a eu une contribution nette au sauvetage de la Grèce plus importante que l’Allemagne ou la France, ses banques n’étant pas impliquées dans la dette souveraine grecque. (sous entendu : Allemagne et France ont aidé la Grèce pour sauver leurs banques, trop engagées dans l’achat de titres obligataires grecques !)
L’Union européenne
Tres interessant ce compte-rendu de debat. Une impressionnante brochette de participants !
Je suis d’accord avec la critique du manque d’engagement des politiques pour vendre aux opinions publiques les benefices de la construction europeenne (je pense que c’est un probleme qui existe dans de nombreux pays europeens aujourd’hui)
Petite question, l’union bancaire annoncee represente une grande avancee – mais en quoi consiste-t-elle exactement ?
L’Union européenne
Merci, Pierre, de ce commentaire.
Tu trouveras une description (succincte !) de l’Union Bancaire dans le petit encadré à droite, vers le milieu de l’article ci-dessus. Pour plus de détails et d’analyses, il faudrait un article complémentaire. Peut-être un jour ?
L’Union européenne
merci pour cet article que je viens de relire, Je me demande si l’inflexion de la politique sociale amenée par la participation des socialistes au pouvoir en Allemagne (SMIC et retraite à 65 pour ceux qui ont cotisé 45 ans (!!) va dans le sens d’une harmonisation sociale en Europe. La proximité politique des gvnts allemands et français « sociaux-démocrates » est-elle un atout pour l’avancée de la construction européenne? peut-être ? J’entendais Bernard Guetta, ardant défenseur de l’Europe dire qu’on avait déjà parcouru un bon bout de chemin et qu’il était impossible de revenir en arrière, pour ma part je l’espère!
L’Union européenne
Salut Mimi,
Désolé pour cette réponse tardive, je viens seulement de trouver ton commentaire, et d’autres, et de les mettre en ligne.
Effectivement on peut penser que la participation du SPD au gouvernement allemand devrait favoriser une certaine harmonisation sociale, encore que le SPD défende une politique économique assez différente de celle du PS, notamment en matière de compétitivité des entreprises. Les récentes évolutions de F. Hollande semblent aller dans le sens du SPD plutôt que du PS, de ce fait assez déboussolé.
J’ai quand même plusieurs interrogations :
– Est-ce que l’écart de charges sociales entre la France et l’Allemagne est aussi important qu’on le dit généralement (il me faudrait une sérieuse « intox/désintox » !).
– D’où vient vraiment l’écart de compétitivité entre la France et l’Allemagne : des charges sociales ? Des niveaux de salaires ? Des politiques de gammes ? …
– La baisse des charges en France va-t-elle (doit-elle) porter sur les bas salaires (favorisant ainsi les PME et donc l’emploi) ou sur les salaires moyens (favorisant alors l’exportation plutôt que l’emploi) ?
Quant à ta remarque sur B. Guetta, bien d’accord avec toi, espérons ! Mais je viens d’entendre sur F Inter l’interview de Ph. Villain (un banquier atypique) favorable au « démontage » de l’€ et qui ne disait pas que des bêtises ! Heureusement, il en disait aussi ! Enfin, d’après moi, ce qui n’est pas une garantie, et je ne suis peut-être pas objectif…