Bagan
- Vendredi 23 janvier : Les temples de Bagan
Nous passons une très belle matinée à découvrir les temples de Bagan : Dammaayangyi, temple à l’aspect de pyramide, très bien construit car il a été commandé par un roi cruel, qui menaçait de mort les ouvriers dont le travail était mal fait. Pour obtenir un ajustement parfait des briques, elles étaient frottées l’une contre l’autre puis collées avec la sève d’un acacia ; ensemble assez massif tout en corridors car le chœur a été muré. Les décors qui subsistent sont assez intéressants et permettent de bien comprendre les méthodes de construction et de décoration.
Tout près, se trouve la pagode Dhamayazigha dont la particularité est d’avoir 5 pagodons et non pas 4 comme les autres : 4 correspondent au bouddha du passé et le 5° au futur bouddha (dont stupa pentagonal à 5 portes). Façades toutes décorées de céramiques racontant les vies de Bouddha (547 Jakas). Nombreux décors en stuc (par ex les pilous, sortes d’ogres).
Un peu plus loin, à l’est de Bagan, nous voyons le temple de Payathonezu orné de peintures murales du XIII°: murs entiers tapissés de bouddhas dans des trèfles à 4 feuilles, sirènes, méditants etc ; belles couleurs vert, bistre, jaune mais photos interdites.
En fin de matinée, visite du village de Minnanthu où les villageois exercent diverses activités: filage et tissage du coton, fabrique de cigares, d’huile de cacahuète, forge, etc. ; tous ces artisans nous paraissent être plus des figurants que de réels travailleurs. (Hubert nous fait remarquer que les moyens présents à la forge ne permettent pas de réaliser la roue de charrette présentée). Après la visite d’un magasin qui vend des bijoux d’argent, nous avons droit à une pause méridienne (bienvenue étant donné la température élevée !).
A 15h30, après un agréable plongeon dans la piscine de notre hôtel, nous sommes tout prêts pour les visites de l’après-midi.
La fabrique de laque que nous voyons en premier est particulièrement intéressante. Les objets qui seront laqués sont réalisés soit en bambou, soit en crin de cheval (objet très flexible). Cette base est enduite de laque à la main et mise à sécher dans une pièce souterraine ; pour obtenir l’objet final il faut entre 7 et 20 couches de laque et entre chaque couche bien sûr il faut soigneusement poncer! (la laque est obtenue à partir de la sève d’un acacia).
La pagode Manuha que nous voyons ensuite est très étrange: 3 bouddhas sont enserrés dans un espace très étroit: 2 couchés, 1 debout. Cette représentation exprime le malaise d’un roi Mön, le commanditaire qui a été retenu prisonnier… Tout près se trouve le petit temple de Nanpaya, un des rares temples bâti en grès (Vishnu à 4 visages). Nous assistons (avec bien d’autres) au coucher de soleil sur la plaine de Bagan du haut de la pagode Shwesandaw d’où nous avons une belle vue sur la première pagode vue le matin.
- Samedi 24 janvier : Seconde journée à Bagan
La journée du lendemain commence par un petit tour au marché du village voisin, Nyaung U: artisanat, étals de fruits exotiques, de poissons, viande etc. Nous complétons nos achats…
Nous découvrons ensuite la pagode Shwezigon qu’Hubert et moi avons découvert le premier soir à Bagan. C’est le temple le plus vénéré de Bagan (son plan rappelle un mandala).Quand les pèlerins viennent à Bagan ils doivent visiter 4 sites (dont celui-ci): pour que leur vœux soient exaucés, il faut qu’ils aient visité les 4 sites avant midi ! 2 autres curiosités ici : un « star flower » qui reste miraculeusement en fleur toute l’année (arbre symbole de l’ASEAN). et un ensemble de vitrines représentant les 37 « nats » , divinités intermédiaires si chères au cœur des Birmans…Le stupa central est entouré de nombreuses salles (de prières, d’enseignement etc) toutes décorées de scènes naïves illustrant les enseignements de Bouddha.. Le temple suivant est Gubyaukgi, édifié au XIII°; il est couvert de fresques représentant la vie de Bouddha ( bouddhas méditant sous des arbres, scènes de fêtes etc) empreinte du pied de bouddha sur la voûte. Un exemple d’amour édifiant : une femme a suivi Bouddha au long de toutes ses vies, se faisant tour à tour, pour le suivre rat,singe ,oiseau, humaine etc ! Le dernier temple de la matinée est Htilominlo ou « temple à l’ombrelle » car c’est en faisant tourner une ombrelle que le roi a choisi son successeur parmi ses 5 fils ! Un des temples les plus importants de Bagan : 2 étages, plus de 50 m de haut, très beaux décors (ombrelles omniprésentes dans les décors). Aux entrées des 4 points cardinaux gardiens sculptés dans le grès. Dans l’enceinte de ce temple, des femmes-girafes tissent ; nous en verrons d’autres sur le lac Inlé, éprouvant toujours le même malaise…
L’après-midi est consacré à la visite de 2 temples: Ananda Okkyang, en brique, du XI°, aux belles fresques du XVIIIème siècle et Ananda érigé à l’âge d’or de Bagan (XI°siècle). Culminant à 56m, le temple s’élève sur 5 terrasses (plan en forme croix grecque). A l’intérieur, 4 niches abritant 4 bouddhas debout ayant atteint le nirvana (en bois de teck recouvert de feuilles d’or). Après cela nous zappons le coucher de soleil du haut de la pagode Pyatthatgyi (trop de monde!). Nous préférons rêver un peu au bord de l’Irrawaddy dans les dernières lueurs du couchant… Non loin de là se trouve le restaurant où notre guide nous a retenu des places pour voir un spectacle de marionnettes et de danses rigolotes. Un moment agréable : nous retrouvons les thèmes traditionnels: le magicien, la princesse, les guerriers bondissants etc.
- Dimanche 25 janvier : Le mont Popa
Avant d’atteindre la région montagneuse des volcans nous traversons une plaine très cultivée:légumes divers, rizières.Nous nous arrêtons dans une ferme au bord de la route pour voir la fabrication du sucre de palme. voici les étapes principales: disposition de petits pots en haut du tronc de palmier, récolte par un cueilleur qui dispose une échelle le long du tronc, chauffage du jus récolté dans de grandes bassines disposées sur des foyers de terre, à même le sol, refroidi puis réchauffé plusieurs fois il finit par donner un très bon sucre jaune foncé. A partir de ce jus on peut aussi faire de la bière assez peu alcoolisée (un après-midi de fermentation) ou de l’alcool à l’aide d’un alambic rudimentaire mais efficace (chauffage, condensation, récupération).
Le mont Popa est un volcan éteint et le dyke que nous gravissons par une série d’escaliers (700 marches, 737m ) est ce qui reste d’un cratère secondaire . C’est un lieu de pèlerinage mais surtout c’est le plus important rassemblement de nats ; chacun d’eux protège une activité particulière: pêche, artisanat, culture mais surtout garantissent la prospérité aux donateurs ; les offrandes sont très amusantes: du rhum, des cigarettes etc. multiples sanctuaires tout au long de l’ascension et de nombreux singes. Au sommet belle vue panoramique sur le volcan Popa (1500m) et les collines environnantes.
Sur le chemin du retour arrêt dans un petit village qui vit hors du temps : chemins de sable où l’on croise un attelage de bœufs, petits enclos où se rassemblent hommes et bêtes autour de petites maisons de bambou à toit de palme. Impression d’harmonie primitive où hommes et animaux vivent comme à égalité. Retour à toute vitesse vers Yagom: notre chauffeur a pris du betel et cela semble efficace !
Le lac Inlé
- Lundi 26 janvier : En route pour le lac Inlé
Lever aux aurores et en avion pour le lac Inlé ! A Heho, on débarque et on trouve notre nouveau chauffeur qui nous emmène à Pindaya : fabuleuse découverte de la grotte aux 8000 bouddhas! La grotte couverte de stalagmites est remplie de bouddhas nichés un peu partout. le sol entièrement carrelé rend la progression très aisée mais notre petite guide facétieuse réussit à nous perdre dans le labyrinthe; nous nous plions en 4 pour nous glisser dans la grotte de méditation, ce qui fait hurler de rire les pèlerins qui sont beaucoup plus petits et qui se baissent tout simplement. Nous voyons les statues suintantes qui reçoivent les gouttes de calcite, puis des stalagmites vives; dans le cercle des vœux nous en formulons un, comme les autres pèlerins. A la sortie nous visitons une fabrique d’ombrelles en papier de mûrier: bois mouillé, cuit forme une pâte qui une fois bien tapée est étendue sur un cadre de bois et séchée 3h; grande précision des gestes de l’artisan qui réalise l’armature en bambou. Agréable repas au bord d’un lac (poulet coco, œuf curry). Sur le chemin du retour vers Heho nous retrouvons les scènes de battage du blé, à la main sur une pierre.
Au coeur de l’Etat Shan, nous atteignons le lac Inle entouré de montagnes. A l’embarcadère de Nyaung Shwe, à l’entrée du lac, une longue barque à moteur nous attend; une petite heure de navigation en compagnie de nombreuses autres embarcations nous amène au » Golden Island Cottage », bel hôtel sur pilotis, où nous sommes accueillis par un petit orchestre….Nous voilà installés sur le lac! Les chambres spacieuses donnent sur les montagnes ; l’endroit est idyllique! Ici rien d’autre à faire que de contempler, depuis notre terrasse de bois, les reflets du soleil couchant sur le lac…
- Mardi 27 janvier : Le lac Inlé
Le lendemain matin, nous retrouvons notre guide qui loge à Nyaung Shwe et, toujours en barque, nous allons voir le marché flottant du village de Ywama. Beaucoup d’animation autour des étals installés, souvent à même le sol, sur les étroits terre-pleins que séparent les canaux. Achats de plaques de cacahuètes au sucre : un délice ! Puis ce sont les échoppes de vêtements et tissus où je trouve une jolie liquette en soie sauvage bleue. Nous reprenons le bateau pour visiter un atelier de tissage de fibres de lotus : fibres filées, trempées dans l’eau de riz pour les amidonner, cuites, teintées et enfin tissées et… réservées à l’usage des moines; tissus très chers : une écharpe ne coûte pas moins de 35 dollars, un grand châle jusqu’à 500 dollars.
Plus loin, nous voyons un atelier de forgeron où le métal incandescent est frappé, en cadence, à 3 masses (réparation d’une hélice de bateau). Après un savoureux curry de pêcheur, servi dans un tronçon de bambou, recouvert d’une feuille de bananier, il est temps d’aller visiter les 5 bouddhas de la pagode Phaung Daw Oo, déformés par les feuilles d’or qui les recouvrent. L’intérêt de cette pagode réside surtout dans son activité lors du festival des pagodes: sur une longue barque en forme d’oiseau les statues sont promenées de village en village.
En fin de journée, nous remontons jusqu’à un barrage, une des petites rivières qui alimentent le lac : scènes de lessive, de bain etc. A pied nous traversons une petite forêt de bambous pour arriver à un monastère entouré d’un ensemble de pagodons ruinés, offerts par les villageois. Nous quittons le monastère par une longue allée bordée d’échoppes désertées en cette fin de journée. Retour rapide : la barque franchit à vive allure une série de petites écluses , nous avons l’impression de filer en kayak… Après l’achat d’une bouteille de rhum au fil de l’eau, nous passons une joyeuse soirée au » Golden Island Cottage » : tea punch maison suivi d’un souper dansant! ( c’est le personnel de l’hôtel qui exécute des danses traditionnelles rigolotes).
- Mercredi 28 janvier : seconde journée au lac Inlé
Excursion de la journée au village de Sangar, tout au sud , que l’on atteint en remontant la principale rivière qui alimente le lac Inlé. On ne se lasse pas des scènes de pêche et de l’agilité des pêcheurs debout sur leur pirogue, ramant d’une seule jambe tandis qu’ils gardent leurs deux mains libres pour lancer leurs filets et scruter le fond peu profond du lac.
Vers 11h nous atteignons le village où nous faisons une petite balade à la découverte d’un modeste monastère où des moines prennent leur repas tandis que se déroule, en anglais, une formation de jeunes guides birmans. De beaux arbres ont donné leur nom au village, ce sont des frangipaniers dont le parfum nous enchante. Encore quelques pagodons ruinés qui témoignent de la générosité des villageois en quête de mérites ; il est midi: les enfants qui s’échappent de l’école donnent un peu de vie à ce village endormi !
Une courte traversée et nous voilà sur l’autre rive; agréable repas de poisson grillé sur une terrasse dominant une petit jardin de légumes ; là encore, nous visitons une petite fabrication locale d’alcool de riz : un long tube conduit au condensateur à double paroi.
Nous continuons à pied le long de la berge pour rejoindre un site de pagodons aperçus le matin , tandis que la pirogue fait un détour pour éviter les jacinthes d’eau. Nous repartons vers le nord et achevons notre journée par une promenade au milieu des jardins flottants. Nous nous faufilons le long d’étroits canaux séparant des bandes de terre tout aussi étroites où pousse une diversité de légumes incroyable: tomates, pois, calebasses suspendues sous des tonnelles, des reine-marguerite destinées aux offrandes. Nous retrouvons notre gîte au soleil couchant, c’est notre dernier soir sur le lac: demain nous quittons notre petit paradis à 5h30!
- Jeudi 29 janvier : Retour à Yangom
Tandis que nous remontons vers Nyaung Shwe, le paysage, noyé par la brume qui s’élève au lever du soleil devient irréel. L’air est glacial mais la poésie du lieu sera la plus forte. Les pêcheurs, déjà actifs, déroulent leurs filets, attentifs à leurs gestes ancestraux. Ils appartiennent à la magie qui enveloppe ces instants hors du temps. Peu à peu, le soleil révèle le paysage, les rives du lac se découpent plus nettement, les maisons sur pilotis s’éveillent et soudain, les premiers embarcadères surgissent pleins de cris et de va- et- vient; bientôt nous apercevrons la silhouette de notre princesse birmane (notre charmante « Pyo ») et ce sera vraiment la fin du lac Inlé pour nous.
Le retour par avion vers Yangom est très rapide. Nous survolons une dernière fois le lac Inlé puis c’est la ville.
Il nous reste à découvrir ici 2 sites incontournables: le grand bouddha couché et la très célèbre pagode Shwedagon. Le bouddha couché a été édifié en 1907 et reconstruit en 1958. Dans sa première version en position semi allongée, il fait penser à une statue étrusque. C’est un bouddha reliquaire (les reliques sont placées dans la tête); la version de 1958 répond aux canons traditionnels (corps allongé et pieds non parallèles signifiant « bouddha au repos »). Sur la plante des pieds les empreintes digitales parfaitement rondes témoignent de la perfection atteinte par le bouddha. Le repas bruyant qui suit tranche avec cet instant assez serein mais ce n’est pas long : très vite, nous partons vers le marché « Bogyoke » où certaines se laissent tenter par les rubis. Il faut reconnaître que cette profusion de pierres précieuses est tout à fait fascinante !
En fin d’après-midi, aux heures plus fraîches, nous nous rendons à la pagode Shwedagon, lieu particulièrement apaisant malgré la foule des fidèles en prières devant les multiples autels…Cette pagode daterait de l’époque du Bouddha ; il y serait venu lui-même et en remerciement des gâteaux de miel offerts par 2 frères, il aurait donné 8 de ses cheveux. Les frères ayant offert les précieux cheveux à leur roi, celui-ci fit ériger un stupa sur une colline en hommage à Bouddha. Selon les spécialistes, la pagode ne daterait que du VI° siècle; historiquement elle est attestée dès le XI° siècle. La pagode de Shwedagon a été marquée par l’Histoire récente: la première révolte des Birmans contre les occupants britanniques fut déclenchée par le refus des Anglais de se déchausser pour entrer dans la pagode. L’histoire de la cloche emportée par les Anglais et tombée à l’eau est un autre épisode des heurts anglo-birmans : selon un accord passé avec les Birmans ils auraient le droit de garder la cloche s’ils réussissaient à la tirer de l’eau: pari gagné, la cloche et son histoire sont fièrement exposées ! Le principal monument du sanctuaire est le grand stupa central de 100 m de haut couronné par une ombrelle couverte de pierres précieuses. Les petits sanctuaires qui l’entourent correspondent aux 8 jours de la semaine bouddhique. Tout près se trouve le « lieu des vœux », très fréquenté, bien sûr ! De nombreux temples et pavillons entourent le stupa central: le temple de « Mahabodhi » qui imite celui de Bodh Gayâ en Inde, celui des « Ogres verts » etc. On trouve même des « bodhi Tree » qui proviennent de l’arbre où le Bouddha aurait trouvé l’illumination.
Plusieurs galeries expositions montrent des personnages célèbres se rendant sur les lieux sacrés du bouddhisme (en 1963 U Thant et le roi du Népal) . La visite se termine au soleil couchant ce qui nous permet de faire l’ultime belle photo de Yangom vue depuis la pagode Shwedagon!